Histoire de Puno

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Malgré les conditions de vie relativement difficiles de l'Altiplano, le bassin du Titikaka se présente depuis la nuit des temps comme un centre important de la Culture andine et de son développement.

Les premiers indices d'occupation humaine sur le Haut Plateau remontent à l'époque Archaïque (-8000 à -2000 av.J.C.). De ces populations vivant de cueillette et de chasse, nous conservons en grand nombre des instruments lithiques ainsi que des peintures rupestres. Parmi les sites les plus connus, citons Pizacoma, Quelqatani, ou encore Salcedo (à la sortie sud de Puno).

Durant la période des premières civilisations (période formative) (-2000 av.J.C. à 400 ap.J.C.) apparaissent sur les bords du Titikaka les premiers villages qui évoluent peu à peu pour se convertir en petites villes. Celles-ci présentent une architecture publique souvent cérémoniale dont la culture Pukara est l'exemple le plus représentatif et le plus important pour le développement de toute la région. Sa production textile, ses bas-reliefs et la qualité de sa céramique font de cette civilisation le précurseur de toutes les cultures pré-incaïques ("horizonte mediano") comme tentent de le démontrer les récentes études réalisées par l'Université de Californie des USA.

La culture Tiwanaku (400 - 1100 ap.J.C.), prend naissance sur les rives sud du lac Titikaka. Elle deviendra une des plus importantes civilisations pré-incaïques. Elle s'étendra sur un territoire de quelque 400.000 Km2 (parties de Bolivie, du Pérou, du Chili et de l'Argentine). Régie par des prêtres militaires, cette civilisation parviendra à exploiter au maximum les terres agricoles et les ressources lacustres.

Période Altiplano (1100 - 1450 ap.J.C.). Après la chute de Tiwanaku, apparaissent de petites seigneuries indépendantes comme les Kollas (Sillustani) ou les Lupacas (Molloko) entre autres… Durant cette sombre époque, les nombreuses guerres entre clans adverses obligent les populations à se réfugier dans les montagnes en se protégeant de murailles (dernière phase de Pukara , Tanka Tanka…) Les coutumes funéraires se transforment radicalement et les chullpas (grandes tours funéraires) en deviennent le symbole.

Période de l'occupation Inca (1450 - 1533 ap.J.C.). Les Incas ont toujours considéré l'Altiplano comme le lieu d'origine de leurs dieux et de leur dynastie. Pour cette raison, la région du lac conserve un caractère hautement sacré. L'Altiplano, connu sous le nom "Collasuyo", est intégré au "Tawantinsuyo" (nom donné par les Incas à leur propre empire) dans la seconde moitié du XV siècle. La stratégie des Incas combine les campagnes militaires contre les Canchas, Kollas et Charcas et les alliances pacifiques comme celles qu'ils établirent avec les Lupacas. Durant cette période, les villages se réorganisent et de nouvelles entités apparaissent. Tous sont intégrés dans le système des Tambos. On impose à chacun d'entre eux le paiement de l'impôt tant en espèces qu'en temps de travail. De l'influence inca dans la région, on signalera une taille de la pierre particulièrement précise. Ce que l'on peut observer dans la réalisation des Chullpas de Sillustani (dernière étape) ou de Cutimbo mais aussi dans des constructions comme l'Inca Uyo de Chucuito ou l'Inca Anatahui de Ccopamaya (Acora).

Epoque coloniale (1533 - 1821 ap.J.C). L'histoire nous rapporte que les premiers Espagnols qui arrivent sur le Haut Plateau sont Pedro Martínez et Diego Agüero; ils découvrent le Lac Titikaka en 1543. A la fin du XVI siècle et au début du XVII, de nombreux expéditionnaires, principalement andalous et biscaïens, arrivent à leur tour dans cette région. A 7 kilomètres au sud-est de l'actuel Puno, les frères Melchor et José Salcedo découvrent la mine d'argent de Laykakota et y fondent la première Villa espagnole de la région, en 1657, sous le nom de San Luis de Alba (Pour plus d'informations voir notre page "Chemin à Moquegua"). La richesse de la mine provoque en 1668, un conflit entre les Andalous et les Biscaïens. Mis au courant des affrontements sanglants et surtout poussé par sa cupidité, le Vice-roi Conde De Lemos se déplace en personne à Puno pour rétablir l'ordre. Il fait exécuter sommairement José Salcedo comme traître à la couronne espagnole, s'approprie ses richesses et ordonne que l'antique villa soit rasée. Avant de repartir sur Lima, il fonde, selon la légende, l'actuelle ville de Puno au bord du lac Titikaka le 4 novembre 1668. (Version controversée puisque, à l'emplacement actuel de la ville de Puno, existait déjà une population native et coloniale). Après la rébellion de Tupac Amaru en 1780, (Pour plus d'informations voir notre page "Vierge de la Chandeleur") Puno reçoit de la couronne espagnole le titre de "Ville fidèle" et des armoiries qui aujourd'hui encore sont les siennes.

Epoque républicaine (1821 - Aujourd'hui). Un des faits les plus notables des premières années républicaines fut sans doute la visite officielle de Simon Bolívar en 1825. C'est lui qui crée le premier collège du département (Glorieux Collège San Carlos du Parc Pino). C'est aussi durant cette visite historique que José Domingo Choquehuanca prononce la plus célèbre louange à la gloire du Libertador "Avec les années votre gloire s'étendra comme l'ombre s'étend quand le soleil décline". En reconnaissance pour les actes héroïques de ses habitants au service de la liberté et de la République, le Congrès octroie à la ville en 1839 le titre de "Méritante et Héroïque".

A la fin du XIX siècle et au début du XX siècle, la petite ville lacustre prendra une importance croissante grâce à l'exploitation de la laine d'alpaga. A cette époque, la région connaît une significative migration de colons européens (principalement d'Anglais et d'Italiens). Ils convertissent la zone lacustre en un important pôle de développement où l'on peut acquérir les dernières nouveautés du monde européen. Le chemin de fer du Sud et les premiers vapeurs (Pour plus d'informations voir notre page "Flotte historique du Titikaka") contribueront eux aussi à cet incroyable essor.

Nous tenons à remercier particulièrement l'archéologue Edmundo De la Vega de sa précieuse collaboration pour tous les renseignements concernant les cultures précolombiennes.